Les 30 juin et 01 juillet, c’était excursion dans ch’nord, à Gravelines (59) pour un weekend de triathlon qu’on n’imaginait pas aussi intense !
Pour comprendre comment nous avons pu atterrir dans le Grand Nord, un petit retour en arrière : j’ai inscrit Ludo sur le duathlon 111 (comme 111 km à parcourir au total, CQFD) à l’insu de son plein gré depuis l’annulation de celui de Meaux, donc ça remonte au mois de mars ! 10 km run – 90 km bike – 10 km run, ça allait piquer mais je sais qu’il peut y arriver, même s’il n’a jamais roulé plus de 60 km d’affilé.
Je ne l’avais pas inscrit sur le 113 (distance L : 1900m – 90 km – 21 km, ça fait 113 km, toujours comme le nom de l’épreuve, vous l’avez ? 😉 ) car à l’époque, il ne savait pas crawler… Et il ne restait plus de dossard libre quand il a réussi à nager plus de 100m sans couler. Les places s’envolent à toute allure à cause de la bonne réputation du Ch’triman, pour ceux qui sont intéressés, attention à ne pas rater les dates !…
On se dit que le duathlon lui servira d’entraînement choc dans notre prépa pour le gros objectif de la rentrée.
Moi, je me suis finalement inscrite sur le XS juste après Versailles, car à l’époque, ça me paraissait le bout du monde (depuis, j’ai fait le S de Beauvais…et ça passe ! ). Le XS est le plus pratique question horaire pour nous arrivant de Paris samedi et puis, ça pouvait être fun de tester une petite distance à fond les ballons !
J’avais en tête une vidéo d’une édition précédente, avec un ciel gris et pluvieux donc pour nous, Gravelines, c’était synonyme de température fraîche. Parfait pour Ludo qui risquait de passer plus de 5h sur son long duathlon.
Et puis, c’est parti en cacahuète côté météo.
Canicule annoncée sur toute la France et le Nord n’est pas épargné. Achat de crème solaire, branle-bas de combat pour mettre la main sur la dernière trifonction longue Aptonia parisienne (puis la faire floquer pour que je le reconnaisse parmi la foule de pignoufs en bleu et noir) histoire de préserver le capital peau de Ludo et éviter que ses épaules brûlent. Moi, je me dis que ça va être cool et que je vais peut-être même revenir bronzée de là-haut.
Samedi 30 juin – mise en jambe avec le XS
Nous arrivons vers 15h, pour voir le départ du S masculin. La campagne alentour est relativement plate, avec un peuplier tous les kilomètres. Presque 30°C au soleil et. pas.un.poil.d’ombre. Ça nous rappelle fortement les 100 km de Steenwerck et là, on réalise qu’en fait, on va avoir chaud, mais vraiment très chaud ce weekend. Heureusement, un petit vent souffle et nous évite la combustion instantanée.
Globalement, le parcours du Chtriman : plat. Sans ombre… Parfait pour cuire un triathlète !
Ludo achète une casquette sur le village (il trouve ça plus pratique que la visière. Problème de chauve, hé hé hé). Autour de nous, ça parle anglais, flamand, français avec l’accent belge ou picard lôôô, on se croirait à l’étranger 🙂 Retrait des dossards, on essaie de comprendre les tracées de la CAP du duathlon 111 de Ludo (gné, pourquoi y a qu’un seul parcours sur le livret et 2 sur le site ??? Dans quel sens ils partent ??) mais après 10 minutes à se retourner le cerveaux, on sort retrouver la team Aptonia et on papote avec Jérémie, qui sera sur le 113 dimanche. On se fait la réflexion qu’énormément de non-licenciés ont les trifonctions Aptonia, que ça va être dur de se reconnaître et qu’un peu de diversité dans les coloris serait une bonne idée pour 2019.
On regarde les garçons du S, le plan d’eau à vraiment l’air top. Ludo est à deux doigts de piquer un dossard pour nager dans l’eau fraîche et aller jouer sur le parcours qui est hyper roulant. On encourage les concurrents avant d’aller chercher mes affaires pour le XS, qui part à 17h. Je serai avec les minimes, fun. Certaines ont des vélos déjà trop grand pour moi. Pas fun.
Moi, ma trifonction et mon vélo taille XS
Dans le parc, ma voisine, Hélène (691) a elle aussi une serviette du tri de Versailles, ça nous amuse. J’hésite à partir avec la combi mais l’eau étant à 22,5 et comme c’est un XS, je crains de perdre un max de temps à enlever ma combi. Hélène me convainc de partir en trifonction. Allez, ce n’est que 400m à racler le fond avec mon style de parpaing, ça va vite se passer !
L’orga sépare les filles des garçons pour limiter la cohue au départ (surtout que nous ne sommes pas nombreuses !) et après un moment de flottement, tout le monde trouve son ponton. La moitié des garçons sont en trifonction, ça me rassure.
La natation est toujours un peu compliquée, je n’arrive pas à forcer, me traîne comme parpaing et un brasseur se sert de ma cuisse pour se propulser (et un bel hématome douloureux, un ! #blessuredeguerre ). Je me venge en lui nageant dessus. L’eau est très claire, je vois même des petits poissons au fond ! Je suis sûre que cette distraction m’a fait perdre au moins 1 minute. Fichue poiscaille. Je sors dans le dernier tiers, pour ne pas changer, déçue de ma natation. Moi qui pensais avoir progressé, je suis un peu désespérée sur le moment.
Nous courons dans l’herbe pour rejoindre les vélos et je retrouve Hélène à T1. Saleté de brin d’herbes qui se collent partout ! Je perds du temps à me sécher les pieds avant de partir pour la partie vélo. Pas de chaussette, pour un XS, je survivrai (et j’ai pris l’habitude de courir sans chaussette aussi. Pas de combi, pas de chaussettes, je fais ce XS à poil…heu, dans une tenue minimaliste). J’ai Hélène dans le viseur. J’en ai pour 10 km, c’est plat donc je vais essayer d’y aller à fond (à fond pour mon niveau : + de 25 km/h. Rigolez pas 😛 ). J’agite mes cuisses de grenouille pour éviter de me faire doubler mais dans 2 virages en épingles où je peine à relancer mon enclume, 4 concurrents me dépassent. Je rumine sous mon casque. Heureusement que Bertrand, avec son VTT, est là pour me distraire. On roule ensemble dans la longue ligne droite du retour, avec le vent de ¾ face. Hélène n’est pas loin devant, tout va bien, je vais la reprendre sur la CAP.
J’en termine en 22’53”, soit une moyenne de 27 km/h. ça me va. 118ième sur 164, ça me va moins.
A T2, je bazarde le vélo, le casque, passe le dossard devant et détale pour attaquer la CAP. 48” de transition, ok ok, je tente de rattraper le retard. On a seulement 2,5 km à faire, un aller-retour le long du canal.
Je pars à une bonne allure, juste derrière un groupe de filles, que je passe rapidement. Hélène est rattrapée dès la sortie du parc et je me cale derrière Louis, un grand cadet (il doit me mettre 2 têtes, ce géant) du club de Lomme. On double des paquets de concurrents et je passe la ligne après 12’37” à trotter. 54ième meilleur temps en course, pourquoi je ne fais pas pareil sur les autres sports ?!?
Au final, je suis 94ième sur 164 pour un total de 48’25”. Le XS est passé super vite et j’ai trouvé l’expérience assez fun, même si un peu trop courte à mon goût.
Je pioche du melon au ravito final pour mon supporter favori qui se dessèche de l’autre côté de la barrière et nous partons récupérer mes affaires dans le parc.
Nous restons un peu pour assister aux courses des 10-13 et 8-9 ans. Les minis sont trop mignons sur leur vélo, ils sont encore plus à fond que les adultes !
Les crevettes sont déterminées sur leur vélo, encore plus que nous !
Dimanche 1ier juillet – l’enfer du Nord
Dimanche, nous passons aux choses sérieuses, enfin, surtout Ludo ! Le duathlon 111 part à…12h, en même temps que le half (113). Les Cht’rimen du 226 sont au turbin depuis 7h du mat, eux. Un coup d’oeil à la météo, toujours caniculaire et avec encore moins de vent, annonce une journée compliquée. La chaleur va être l’ennemi à gérer, encore plus avec un départ quand le soleil est au zénith…
Nous arrivons vers 9h sur place, histoire d’avoir une place proche du parc de transition et d’avoir le temps d’installer les affaires de Ludo, sans stress.
Pas de matériel de natation, seulement les affaires de vélo à poser. L’emplacement de Ludo est presque vide pour une fois ! Il vérifie qu’il a bien ses barres de céréales (pré-ouvertes pour les gober encore plus facilement en course), son kit de réparation dans sa sacoche de selle et il sort.
Après quelques difficultés, nous trouvons un camarade duathlète qui nous explique les parcours (la 1ière CAP n’emprunte pas le même parcours que la seconde, c’est pour ça qu’il y a 2 tracés,haaaaaa….#boulets) et où se trouve le départ. On s’entasse avec 50 autres participants dans le premier coin d’ombre d’un bâtiment qu’on trouve et on regarde passer les vélos de dingue des 113. Beaucoup de prolongateurs, Ludo se dit qu’il faudrait qu’il en installe sur son vélo, pour les prochains tri, étant donné qu’on ne fait que des courses plates, ça pourrait être pas mal.
Course à pied 1 – jusque-là tout va bien
L’heure du départ approche, le stress monte un peu, la température aussi. J’enduis Ludo de crème solaire et le traîne au départ pour qu’il aille un peu s’échauffer avant son premier 10k. Je lui répète 1000 fois de ne sauter aucun ravito (surtout que l’orga en a prévu pas mal pour parer à la canicule) et de boire, boire, boire. On se dit qu’on se retrouvera au ravito 2 du vélo (où il faudra bien boire), à la sortie du ravito 1 de la CAP (où…devinez quoi, il pourra boire !) puis à l’arrivée (où il y a à boire..et à manger). Bref, Ludo prévoit de boire beaucoup avec cette chaleur.
Image rare de Ludo s’échauffant avant une course
Je le pose sur la ligne de départ et file voir le départ en natation du 113. De toute façon, dès que le 113 sera lancé, le village sera coupé en 2 et je ne pourrai plus traverser avant un moment. Si je veux voir Ludo partir en vélo, il vaut mieux que je reste là où je suis. Et puis, le parcours de la CAP 1 consiste en un aller-retour de long du canal, c’est raplaplat donc je ne m’inquiète pas pour Ludo.
D’après le speaker, qui fait du super boulot au micro pour motiver les troupes, l’eau est à 23,5° et reste magiquement en-dessous de la limite qui interdit les combis. Tant mieux pour les 113 qui vont s’envoyer 1900m dans le bassin !
« Jean-Mi, rappelle-moi pourquoi j’ai signé pour cette bêtise… »
Les pingouins sont nombreux, environ 800 donc le départ est super impressionnant ! Le bassin est large donc le groupe trouve rapidement sa place mais les premiers mètres sont une cohue indescriptible à l’avant.
Je suis postée près de la sortie de la natation, pour voir l’arrivée des nageurs et surveiller la CAP 1 de mon duathlète. Ça part fort aussi dans son groupe, il y a du gros niveau !
J’applaudis et encourage les 113 qui sortent de l’eau, jusqu’à ce que je repère mon petit schtroumpf en trifonction Aptonia qui revient vers le parc à vélo.
Les nageurs reviennent vers le parc, fin de la pause fraîcheur !
Pendant ce temps-là, au fond…
Il est temps de se déplacer vers la sortie de l’aire de transition pour voir Ludo. Il boucle la CAP 1 en environ 45 minutes,un bon rythme. Maintenant, place au vélo !
Le vélo – 90 km à rechercher l’ombre
Une fois mon petit cyclo lancé pour 90 km sous un soleil de plomb, la longue attente commence. Heureusement qu’il y a des robinets sur le village pour boire et le plan d’eau pour se tremper les pieds ! Je vais errer du côté du ravito 2 pour voir les bénévoles. L’organisation a bien fait les choses : le ravito se compose d’un stand avec du solide (banane, barre et gel) puis du liquide avec de l’eau, du coca et de la boisson iso. Sous les tables, j’aperçois un stock énorme de bidons, l’orga a prévu que le chaleur allait dessécher les gosiers. Ça va en faire des déchets à ramasser aussi, vu que les cyclistes jettent les bidons vides dans la zone de propreté !
Pour l’instant, le ravito est calme, seuls les 200 hommes de fer du 226, reconnaissables à leur dossard vert tournent devant nous.
Les 226 enchaînent les tours et les bénévoles sont sur le pied de guerre !
Au début, c’était calme, avec seulement les 226 à ravitailler
La tête de course, en casque aéro, vélo profilé et roue lenticulaire affiche un niveau très relevé. Ça se bagarre déjà pour le podium ! Et le sifflement de leur roue pleine quand ils passent devant nous est impressionnant. Derrière, les autres concurrents sont encore relativement frais, alors qu’ils ont presque 4 km de nat dans les bras, 90 km de vélo dans les pattes et que le soleil tape sur les nuques. Là, je commence à me dire que l’ironman, c’est quand même un sacré morceau…
Arne, le futur vainqueur du 113. Impressionnant !
Le temps passe, je me remets de la crème solaire. On nous dit qu’on est à 31°C à l’ombre, sauf qu’il n’y a PAS d’ombre ici donc j’ai plutôt l’impression qu’on est à 40 °C… Les dossards bleus du 113 déboulent et le rythme s’accélère au ravito.
L’eau était très recherchée pendant le vélo !
« Donne-moi tout ce que t’as et apportes-en d’autres, j’ai CHAUD ! »
Les cyclistes crient “water/wasser/ eau/ de lôôôô” en tendant la main vers les bénévoles qui leur indiquent le bon stand et distribuent les bidons à la volée tandis que d’autres bénévoles courent partout pour ramasser les bidons vides jetés au sol (y en a vite partout quand un groupe débarque, il faut éviter que quelqu’un glisse dessus). Une bénévole me dit que s’ils sont déjà dans le dur, ça va être l’enfer pour eux quand qu’ils devront grimper en haut de la digue pour la CAP. Je jette un oeil à ladite digue. Bourdel, c’est raide ! Heureusement que Ludo n’est pas au courant…
Dans la plate campagne, Ludo fait bien attention au drafting et s’est trouvé un pacer en la personne de Delphine, #289. Il roule à 34 km/h de moyenne et espère boucler les 90 km en 3h. Les mains bien à bas du cintre, pour essayer d’avoir une position un peu plus aéro, il comprend vite l’utilité des prolongateurs quand ses poignets commencent à se plaindre.
Pas un seul dossard rouge de duathlète autour mais ils doublent des paquets de dossards bleu, c’est bon pour le mental. Le parcours est roulant, à l’exception d’une côte bien raide qui pique les cuissots. Il faudra la grimper 2 fois (chaque boucle fait 45 km). Quand il pense que les XXL se l’enfilent 4 fois, il se dit que les Iron(wo)men sont de sacrées machines… A cause de la chaleur, Ludo boit très souvent mais l’eau se réchauffe vite dans le bidon, c’est donc vite dégueulasse de boire de l’eau tiède mais bon, il se force à s’hydrater… Au ravito 1, placé au bout d’une vingtaine de km, il vide plusieurs bidons avant de repartir.
Je m’agite à chaque fois qu’une trifonction bleu Aptonia passe le virage, sauf que quasi tous les non-licenciés hommes ont cette trifonction. Des “Allez mon doudou” ont été adressé à pas mal de doudous avant que le mien arrive. Au moins, ça aura fait rire les coureurs..Je repère Rémi, même trifonction que Ludo mais Rémi est sur le XXL et il a un sourire jusqu’aux oreilles, heureux d’être là et de souffrir, le garçon ! (il y a 3 mois, il était dans le plâtre, donc forcément, il savoure aujourd’hui !)
Depuis 14h, au ravito 2, les bénévoles sont en feu, la troupe est là et ils crèvent tous de soif. A part ceux qui jouent un chrono, tout le monde s’arrête au ravito, ce qui occasionne des bouchons et quelques freinages brutaux. Les coureurs commencent à avoir des coups de chaud, je vois passer plusieurs fois l’ambulance, ça craint. Ils attrapent maintenant plusieurs bidons pour se les verser sur la tête, les jambes et boire. Un participant se sent mal et les bénévoles le garent à l’ombre pour qu’il récupèrent avant de pouvoir repartir. Un autre, plus très lucide, n’arrive pas à déclipser ses chaussures et tombe.. J’espère que Ludo boit bien, qu’il n’a pas pris feu sur son vélo avec sa peau de vampire fragile et qu’il n’a pas de souci matériel…
Ravito-buvette-douche à votre service !
On est plusieurs compagnes/mamans/filles de triathlètes à scruter les vélos qui passent, je crois qu’on stresse plus que nos hommes aujourd’hui (eux, ils stressent avant l’épreuve, nous, on s’inquiète pendant ). Bien sûr, on applaudit particulièrement fort les quelques féminines engagées sur les courses du jour. Solidarité féminine, t’as vu.
Ludo arrive au milieu d’un troupeau de 113 assoiffés qui quémandent de l’eau dans toutes les langues. Il est en sueur et sa trifonction est couverte de sel…
J’attrape un jeune bénévole qui passe avec un bidon de 5 L d’eau et lui demande d’en verser sur Ludo pour le refroidir et le rincer. Mon duathlète avale une gourde entière avant de remplir son bidon et d’aller prendre de la boisson iso. Il me dit que c’est horriblement long, qu’il n’a jamais eu aussi chaud de sa vie, je lui dis qu’il reste encore une boucle donc, serre les dents et forza !
Il quitte le ravito après une pause de quelques minutes et retrouve vite la roue de Delphine. Il n’a pas fait 1 km que l’eau versée sur son dos à déjà séchée, tellement ça cogne. Ludo se concentre sur le prochain ravito, dans une vingtaine de kilomètres, où il pourra se rafraîchir de nouveau. Avec la fatigue et la chaleur, la seconde boucle lui paraît interminable et il pense brièvement à moi pour se dire que je n’arriverai jamais à tenir 90 km dans ces conditions (l’enflûre ! ). La côte le scotche littéralement au bitume, il a toutes les peines du monde à relancer. Il a l’impression que sa tête va rouler par terre, ça bourdonne dans ses oreilles. Sentant le malaise arriver, il se force à boire et manger encore plus régulièrement. Sa moyenne chute à 30 km/h. Dire que les 226 se tapent 4 fois cet enfer… Franchement, l’ironman, c’est pour les fous furieux.
Ludo arrive au bout des 90 km en 3h13, un peu plus que son objectif de 3h00 mais vu les conditions, il ne regrette pas les pauses aux ravitos.
Course à pied 2 – il fait moins chaud dans le Sahara
Dans le parc, il discute avec un autre duathlète arrivé un peu avant lui. Le gars est en colère : “J’ai jamais roulé aussi mal de toute ma vie ! C’est horrible ces conditions météo ! Moi, c’est fini ces conneries de longues distance !!” (ouais, on dit tous ça et puis, on cherche le prochain challenge 2 jours après avoir franchi la ligne, hein;). Ludo lui dit qu’il n’avait jamais roulé 90 km avant et que la CAP 2 va être dure. “Ha ben ouais, en plus, faut aller là-haut !”. Ludo découvre à ce moment qu’il va devoir grimper tout en haut de la digue, la sale surprise. M’enfin bon, les 226 sont déjà en train de tourner dessus, ils ont un marathon à se farcir alors que lui n’a que 10 km. Même les 113 doivent s’envoyer un semi donc, il ne va pas (trop) se plaindre. 10 km, ça va vite passer, pense-t-il. Naïvement.
Ha ha, s’il avait su !
Moi, je me suis postée non loin de la sortie de l’aire de transition pour ne pas rater mon coureur (tu parles, j’ai encore encouragé d’autres gars en trifonction Aptonia par erreur. Dont Rémi, toujours heureux d’être là…).
Autour de moi, des familles qui attendent qui un fiston, qui un papa ou plus rarement, une maman. En face, un groupe d’amies ont prévu des banderoles “Ironmen are sexy” pour leur pote Vincent. Comme moi, elles connaissent quelques faux départs avant de trouver Vincent, de l’asperger d’eau et de lui mettre de la musique. Il est chanceux, Vincent.
Vincent et son fan club
Une maman s’inquiète pour son fils, “après nonante kilomètres, comment il va faire ses vinte kilomètres de course avec ce chaud, le pauvre ? ”. Un coup d’oeil à ceux qui passent devant nous, je confirme que ça ne va pas fort. J’encourage les 226 en détresse, je ne sais pas où ils trouvent la force de se lancer dans un marathon après une demi-journée à cramer au soleil et 180 km de vélo… ça me parait tellement hors de ma porté l’Ironman, respect à eux !
Le vent du vélo a disparu et Ludo prend conscience de la fournaise. Mais c’est pire que le Sud, le Ch’Nord en fait ! A voir les mines défaites de certains concurrents, l’objectif chrono a été oublié et maintenant, il s’agit juste de franchir la ligne. Vivant, de préférence. Parce qu’il n’y a toujours pas d’ombre sur le parcours, Ludo a plutôt l’impression qu’il fait 310°C sur le bitume que 31°C… Qui a mis le soleil en mode pyrolyse, qui ??? Pour l’honneur et les photos, il part en courant, à son allure marathon. Je l’encourage et lui donne rendez-vous sur la ligne d’arrivée.
Là, Ludo vient juste de partir, il ne réalise pas encore ce qui l’attend…Et Rémi, que j’ai confondu avec Ludo toute la journée à cause de la trifonction et qui profitait à fond de sa course;)
J’applaudis les coureurs qui défilent, Jérémie d’Aptonia sur le semi; Rémi qui repasse, toujours bien parti sur le 226; les diverses féminines, la tête de course qui cavale à une allure de dingue (le speaker annonce que le record de l’épreuve risque d’être battue à ce rythme, c’est fou ! ). Je me rapproche du ravito-douche pour voir ce qui se passe avant d’aller chercher un coin sympa pour photographier les arrivées.
Sur le bitume, Ludo court 2 km avant de lâcher l’affaire. Il ralentit, ralentit, ralentit tellement qu’il marche, en fait. En 6 ans de course à pied, c’est la première fois qu’il marche sur une compétition sur route ! Mais là, il a trop chaud, il a l’impression que sa trifonction lui fond dessus, que l’air est devenu solide et que ses chaussures pèsent 15 tonnes. Bref, il est pas bien, tintin.
François Fouss bouclera son marathon en 3h05 mais pour le reste du monde, ils souffrent plutôt comme Olivier (23/134 sur le 226) !
Heureusement que l’orga a prévu un ravito tous les 3 km environ, ça lui permet de se traîner de point d’eau en point d’eau sans avoir le temps de trop sécher entre les deux. Il s’arrête à chacun d’entre eux pour passer sous le jet d’eau, remplir sa casquette d’eau et se la vider sur la tête, boire tous les bidons qu’on lui tend avant de repartir. Il doit bien boire 5L d’eau sur la course à pied et en trimballer 1 ou 2 L supplémentaires dans sa trifonction trempée (qui sèche en 5 minutes avec ce cagnard).
Nicolas, 5ième du 226 et 2ième Français, a vécu un marathon difficile. Tout comme Tony, le 2nd du 226Heureusement que les ravito étaient là !
Il tente de relancer, afin d’allonger la foulée. Les autres concurrents souffrent tout autant que lui, certains titubent. L’ambulance fait de nombreux allers-retours pour ramasser les triathlètes tombés au combat. Plus que le vélo, la CAP fait énormément de dégâts dans les rangs des participants.
Les 113 qui attaquent leur second tour ont le visage marqué et l’allure s’est bien ralenti. Quant aux 226, à part quelques-uns qui sont encore assez lucides pour agiter la main quand on les encourage (hey, recoucou Rémi !), les autres gardent l’énergie qu’il leur reste pour se forcer à avancer.
Je file à l’arrivée juste à temps pour voir Arne Devliegher, sur le 113 et François Fouss, sur le 226 remporter leur course respective et améliorer les records de l’épreuve (alors que vu la météo, ce n’était pas idéal).
Arne et François, les vainqueurs du 113 et du 226 avec une très belle gestion de course !
La communauté belge est en transe, les podiums des deux courses sont occupés par leurs compatriotes, il faut attendre les 4 ièmes pour voir arriver un Français. Clément, sur le 226, offre un beau moment d’émotion : 1ière course sur la distance Ironman, 1ier Français, c’est une victoire pour lui, qu’il partage avec ses parents qui l’attendent derrière la ligne. A côté de moi, d’autres mamans et compagnes attendent leur athlète. L’amie de Jordan (10 ième) demande à l’orga si elle peut passer la ligne avec lui pour fêter sa performance. Le speaker amusé, demandera ensuite régulièrement “et celui-ci, il est à quelqu’un ? Qui veut l’accompagner ? “. Plusieurs triathlètes passeront la ligne avec leurs enfants, très fiers de leur papa.
Clément, 1ère distance ironman, 1er français et 4ième au général. Des larmes de joie ont coulé derrière les lunettes 😉
Et Jordan (10ième du 113), qui franchit la ligne avec sa douce.
Valérie Van Hauwaert remporte le 113, à sa propre surprise.
La photo non officielle
Elle pensait être deuxième derrière une autre Belge, Kristel Imbo ! Même l’orga n’était pas préparée et lui demande de refranchir la ligne, pour qu’ils aient le temps de tendre la banderole et de faire les photos officielles 😉
Kristel arrive 2 minutes après, forcément déçue de découvrir sa seconde place. Surtout, elle a fait une vilaine chute qui lui a bien abîmé l’épaule, compromettant la suite de sa saison de tri…
Les arrivées se succèdent, certains laissent éclater leur joie mais la majorité sont juste soulagés d’en avoir terminé avec cette galère et titubent jusqu’au ravito final pour s’étendre dans l’herbe. Je soupçonne aussi les lunettes de soleil d’être très pratiques pour cacher les émotions de nombreux triathlètes 😉 Jérémie d’Aptonia franchit la ligne, je me dis que le mien ne doit pas être loin derrière, vu qu’ils se suivaient sur la CAP.
Nicolas (5ième du XXL) trouve que le meilleur moment, c’est quand même la fin
Bien sûr, mon duathlète débarque en même temps qu’une grosse équipe et je rate la photo finale. Je parviens à attirer son attention, le pauvre est à la fin de sa vie. Dans ses petits yeux de mouche, il n’y a plus personne, il était temps que la course se termine !
Et le mien, tout couvert de sel
Ludo en finit avec le 111 en 5h09, 37ième sur 66ième. Je suis très fière qu’il soit allé jusqu’au bout, surtout dans ces conditions ! Les participants sont tombés comme des mouches : 16 abandons parmi les duathlètes, 218 abandons sur les 768 partants du 113 et 54 disparus sur le 226. Delphine, qui aura mené Ludo sur le vélo, fait partie des victimes.
Ludo a quelques difficultés à se remettre des 111 kms parcourus, il lui faut une grosse demi-heure avant que la lumière se rallume là-dedans. Je commence à avoir l’habitude de ses hypoglycémie post-course donc je lui passe du melon et l’asperge d’eau pour le remettre d’aplomb.
Pendant que certains se refroidissent sous les robinets, c’est extinction des feux pour la prochaine demi-heure chez Ludo
Il échange un peu avec la team Aptonia, qui est dans le même état avant de sortir au ralenti de l’espace finisher. C’est pas tout ça, mais il faut récupérer le vélo et les affaires dans le parc.
En résumé, le duathlon a été vraiment difficile, surtout à cause du soleil. Le parcours est très roulant, que ce soit en vélo ou en CAP (bon, si on oublie cette fichue montée sur la digue), ça doit être facile avec une météo plus nordiste. L’organisation des courses du Ch’triman est au top, les bénévoles et la team Aptonia ont été irréprochables sur les ravitos. Pour les spectateurs, nous voyons passer les participants plusieurs fois, c’est parfait pour encourager son athlète sans avoir besoin de faire 10 km entre chaque épreuve. Le village est bien fourni avec des foodtrucks, des sanitaires et un parc aquatiques pour occuper les plus petits. Tout est fait pour que tout le monde vive au mieux la journée de course !
Si jamais vous cherchez un duathlon, un half ou un full ironman sympa, convivial et très bien organisé, pensez au Chtriman début juillet !
Oui, elle aura été dure à ramener cette médaille !
Côté matériel, rien à redire non plus sur la trifonction longue distance d’Aptonia : l’insert en gel fait parfaitement le boulot, Ludo n’a absolument pas eu de douleurs pendant les 90 km sur la selle. Les manches sont un peu longues mais au moins, il n’aura pas souffert de coup de soleil sur les épaules, ce qui était l’objectif. Personnellement, nous trouvons le rapport qualité-prix excellent. Après, il faut accepter de ressembler à la moitié du peloton 😉
Et pour le prochain ?
Au retour, nous encourageons les 226 qui bataillent toujours sur le marathon. On se dit tous les deux que l’Ironman, c’est vraiment un truc inaccessible, qu’il faut un mental de dingue et on comprend que ceux qui finissent cet enfer aient un nom de super-héros. Rien que le L, devenir une moitié d’homme de fer, serait déjà un super objectif vu notre niveau !
Le XXL, une course contre soi-même avant tout
Mais Ludo a des étoiles plein les yeux en regardant passer les dossards verts du 226. Ironman, c’est un challenge terriblement difficile donc terriblement attirant. Je sens venir la blague, j’anticipe : “Bah, en juin, y a le Frenchman. Si tu veux devenir un super-héros, l’an prochain. Ou plus tard. En plus, on connaît très bien le coin…”
Je peux vous dire que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, on verra bien ce que ça donne !