Dimanche 27 novembre 2016, rendez-vous sur le Vieux Port de La Rochelle pour voir la mer participer à mon quatrième Marathon ! Une météo superbe, des spectateurs par milliers et un parcours roulant, cette course a tout pour être parfaite !
Un marathon en novembre ?
C’est vrai qu’on entre dans la période la moins agréable pour courir : les journées sont courtes et on se les gèle. MAIS La Rochelle a des arguments convainquant pour nous faire sortir :
– les copains y habitent.
– on voit la mer, les mouettes et les bateaux. Rien que pour ça, je signe direct (le béton francilien, ça va 5min, au bout de 4h, ça ne va plus).
– à l’arrivée, on nous remet une bourriche d’huîtres et un coupe-vent blanc. Pratique les huîtres, ça fait un cadeau pour mes supporters !
– ce n’est pas une course d’ASO
– c’est l’occasion de visiter la ville
Plus objectivement :
– c’est deux fois moins cher que Paris.
– nous ne serons que 7000 dingues sur le marathon et rien ne vaut les petits pelotons.
– une réputation de marathon rapide : en 2015, le temps moyen y a été de 3h55 environ. C’est un peu moins rapide que Sénart à cause de quelques faux plats mais ça reste très roulant.
– j’ai déjà dit que les copains sont là-bas ? A nous les pintes sur le vieux port avec eux ! 😀
– un marathon c’est bien long, ça va changer d’un 10 kms à La Rochelle
Les seules points qui me laissent un peu perplexe sur cette course sont les deux départs séparés : d’un côté, les filles, les duo, les entreprises et les vétérans hommes quai Prunier; de l’autre côté du Vieux Port, les garçons avec les meneurs d’allure quai Maubec. Tout ce petit monde est sensé se rejoindre après 3,3 km de course mais je sens que je vais avoir du mal à apercevoir mon meneur d’allure et sa flamme jaune des 3h45… Ensuite le parcours consiste en deux boucles et le second tour risque d’être un peu lassant (et j’ai un mental d’artichaut, va falloir tenir au deuxième passage…). Surtout, la météo m’inquiète un peu : fin novembre, j’ai plus de chance d’avoir de la pluie, du vent et des températures fraîches qu’un grand soleil. Heureusement, une semaine avant la course, un grand soleil et une dizaine de degrés sont annoncés. ça va le faire !
Visite guidée de La Rochelle. A faire 2 fois. Pour bien s’imprégner de la ville.
Et la préparation ?
La quoi ? C’est bon, j’ai choisi un parcours facile, je compte sur mon talent naturel pour faire le reste ! Mais je suis optimistes : je n’ai aucun bobo depuis des mois (pour une fois) donc je me dis que les 3h55 sont à portée de baskets 😀 J’espère aussi que les séances de natation et le vélo vont compenser mon petit kilométrage.
D-Day
La veille de la course, nous arrivons chez nos amis et filons retirer nos dossards au village de la course, situé à l’espace Encan derrière l’aquarium. Le précieux est retiré en quelques minutes, l’organisation connait son boulot, c’est très agréable. Ludo devait initialement participer et me servir de lièvre mais sa cheville a encore quelques séquelles des 100 km d’Amiens d’octobre. Le traitre ne viendra donc pas trotter avec moi. Je le préviens que tout chrono catastrophique sera entièrement dû à son absence à mes côtés, il me répond que sa présence parmi la foule de supporters devrait me suffire. Avec Fred, qui s’aligne lui sur le 10 km, nous allons repérer nos zones de départ respectives ainsi que l’arrivée du marathon. Les rues de la ville sont remplies de gens soit en chaussures de running soit tenant la poche (parfaitement, on dit « poche ». c’est local, j’ai le droit) de l’organisation. Je ne pensais pas qu’autant de gens participaient aux courses du lendemain, ça promet une belle ambiance !
Dimanche matin, réveil à 6h30, ça pique un peu. Je mets le nez dehors : 6°C et un peu de vent. ça pique beaucoup. J’espère pouvoir me mettre à l’abri en attendant le départ sinon, je vais finir en surgelé Picard. Si je pouvais éviter de choper la grippe, j’apprécierais. Avec Fred, on décide de partir à poil en short pour que tout le monde admire nos jambes de mannequin. En haut, je suis frileuse donc je prévois une sous-couche technique à manches longues, mon t-shirt fétiche du MDP et ma doudoune veste coupe-vent kalenji transparente (ouais, celle que les 3/4 du peloton ont. Hyper pratique pour se repérer dans la foule…). Ainsi que des chaussettes assorties à mes Mizuno pour être stylée jusqu’aux orteils.
Prête à affronter le marathon !
Nos moitiés tombent du lit et nous font comprendre leur (dé)plaisir de se lever aussi tôt. Tsss, on leur offre la chance de voir le soleil se lever sur le port et ils râlent. Les ingrats ! Puisqu’il ne court pas, Ludo me servira de sherpa-consigne, ce qu’il accepte avec joie : « Mais t’as mis des briques dans ton sac ou quoi ? T’es obligé de te changer ?? « . Je le laisse couiner, vérifie que j’ai bien tout mon équipement (mes 2 gels, mon téléphone et des mouchoirs) et me prépare une petite bouteille avec du coca allongé au cognac à l’eau. ça manque de minéraux mais j’aurais au moins ma dose de sucres pour tenir tranquillement les 30 premiers kilomètres.
Arrivés en ville, Iza part déposer Fred sur le 10 km tandis que Ludo m’accompagne quai Prunier. Nous suivons les filles et les vétérans pour ne pas nous tromper de départ. L’espace Encan est ouvert, je file me mettre à l’abri à l’intérieur (et faire 20 minutes de queue devant les toilettes avec les filles).
6°C selon la météo, -1000°C selon moi.
C’est le bazar pour accéder à mon sas, faut dire qu’on doit être les 3/4 du peloton chez les jaunes. ça fait un peu de monde ! Les bénévoles compactent les 3h15 devant pour nous laisser entrer (ils sont tellement minces, ils n’ont pas besoin d’autant de place, hein). H – 2minutes ! L’orga balance la chevauchée des Walkyries pour faire monter la pression, les références à Apocalypse Now circulent. Le marathonien est cinéphile !
A 9h, PAN ! Les guerriers sont lâchés ! Je me place sur les côtés, piétine les orteils qui dépassent et passe l’arche en 1 minutes. J’arrive à voir Ludo, qui m’encourage. Garde-moi une chocolatine chaude, j’arrive pour le dessert !
Tous groupir derrière les Kenyans.
Les 2 premiers kilomètres sur le port sont particulièrement lents à cause de l’étroitesse du passage et du nombre de coureurs. Au 3ième, LA MEEEEER arrive ! Je suis joie et je ne suis pas la seule à bader devant le paysage. On est venu pour ça (et aussi pour courir 42,195 km) , nous ne sommes pas déçus par la vue. Malgré la fraîcheur, des orchestres sont déjà là pour animer la course, des familles se pressent sur le bord de la route avec des pancartes. Je tape dans les mains des minots, ça fait toujours plaisir.
Les garçons débarquent par la droite, ne respectent pas le cédez le passage et viennent m’empêcher de voir la mer. Aucune flamme jaune à l’horizon, heureusement que j’ai ma montre pour caler mon allure.
Allez, viens, je t’emmène !
Lors de la jonction des deux groupes, je me retrouve avec 2 maillots orange du club de Saint-Agnan sous le nez. Très vite, je réalise que je vais à la même allure qu’un des deux gars (l’autre nous abandonnant lâchement très vite). Nous courrons côte à côte et je vois que lui aussi vient de remarquer qu’on trottine à la même allure. Un sourire et voilà, j’ai trouvé mon compagnon de bitume 🙂 Salut, Sebastien, je crois qu’on va visiter La Rochelle ensemble !
Les kilomètres défilent à environ 5’25 du kilomètre. Seb est une machine de régularité, je débranche le cerveau et me contente de caler ma foulée sur la sienne. Lui aussi jette des coups d’œil régulièrement pour voir si je suis toujours là. Nous nous entraînons l’un l’autre. Le peloton passe sous un pont…3…2…1, c’est parti pour une petite ola ! De vrais gosses, dès qu’il y a un tunnel, faut qu’on vérifie l’écho !
Ma petite bouteille de cognac coca à la main, je zappe les ravitos. Je bois régulièrement, pas de douleur, tout va bien Tintin. Comme il fait un peu frisquet, je ne m’arrête pas non plus aux épongeages.
Mais où est Mimi ?
Nous revenons en ville et sur les côtés, c’est une marée de supporters qui nous encourage. 20 000 spectateurs sont venus voir à quoi ressemblent des marathoniens en plein effort. La ville s’implique vraiment, c’est impressionnant et ça nous motive bien. Des bénévoles en coupe-vent jaune tentent d’empêcher nos fans déchainés de descendre sur la route, mais ce n’est pas gagné. On passe à un de front, mais pas plus. Retour sur le Vieux Port d’où nous sommes partis ce matin. A ce moment, il se passe un truc assez amusant : tout le monde s’écarte les uns des autres pour être bien visible, lève un peu le pied…et se met à scruter la foule. J’entends des « allez, chéri ! » ou « allez Papa ! » qui font tourner la tête à la moitié des coureurs. A côté de moi, un grand type en vert semble dépité. Il me raconte que sa famille doit encore être à l’hôtel, vu l’heure. Les miens…Fred a dû les rejoindre pour des crêpes en terrasse. ça ne m’étonnerait pas que Ludo peste que je mets trop de temps 😛
Je franchis le semi en 1h54, c’est deux minutes de plus qu’à Sénart mais cette fois, je pense pouvoir limiter le naufrage la fatigue sur le second semi.
La tête de course passe à toutes jambes de l’autre côté de la rubalise, cette allure de folie ! Au moment de quitter le Vieux Port, le speaker annonce une victoire en 2h10…ça laisse rêveur.
Un Mars gel au CBS et ça repart pour la deuxième boucle avec mon petit groupe, Seb de Saint-Agnan, une dame avec le t-shirt du marathon de Vannes et un garçon avec un haut gris. Plus de surprise, j’ai déjà repéré le parcours et les quelques faux-plats qui peuvent casser un peu le rythme. Je regarde un peu moins autour de moi et me concentre davantage sur ma course.
Le mur ? L’Everest et tout l’Himalaya plutôt !
A partir du km27, mon camarade d’allure commence à accuser le coup. Il ralentit, semble fatigué. Je me retourne plusieurs fois mais il n’arrive pas à revenir à ma hauteur. Non, non, Seb, relance le moteur ! Reste ! Au 30ième, je jette ma bouteille (enfin vide) et attrape du pain d’épice à la volée. Je n’ai pas faim mais si je ne mange pas, dans quelques kilomètres, je sais que mes batteries seront à plat. Plus de Seb à l’horizon, l’aventure se continuera donc en solo pour les 12 derniers kilomètres. La course commence maintenant ! En avant pour 12 km de fun (ou pas) !
Le coureur au t-shirt gris transpire comme un glaçon au soleil, je tente de le motiver : « plus que 10 km, on tient le bon bout. » Il a juste la force d’hocher la tête. Sa femme le repère, lui passe un ravito perso et court quelques mètres avec lui. Il ralentit pour rester avec elle le plus longtemps, je crois qu’il n’a pas vraiment envie de retourner courir. Je continue, derrière la coureuse au t-shirt de Vannes. Iza, Fred et Ludo sont au 30 ième kilomètres mais je ne les ai pas entendus ni vus (à ce stade de la course, regarder mes pieds est nettement plus intéressant,m’voyez).
J’ai ramené quelques potes pour le soutien.
Retour en ville pour la dernière fois, les spectateurs sont encore plus nombreux mais j’y fais moins attention (sauf quand ils sont tellement proches que je les frôle en courant. Oui, oui, la course est un sport de contact). Un petit agite une pancarte » A nos yeux, vous êtes tous Kenyans ». C’est mignon, je tapote son carton. Au ravito du 35ième km, je m’arrête pour boire du coca et prendre du pain d’épice. Rapide inventaire de la machine : les deux pieds sont toujours présents, les tendons et les mollets aussi. Par contre, les cuisses…ça commence à se raidir sérieusement de ce côté. Bon, j’ai connu pire, c’est pas le moment de commencer à gamberger.
Autour de moi, le festival des zombies commence. Certains marchent, d’autres sont par terre et essaient de chasser les crampes. J’essaie de ne pas trop m’attarder mais ce genre de spectacle ne me remonte pas spécialement le moral.
Au 39ième km, c’est le drame. Ce n’est pas le mur que je ramasse, c’est l’Everest et tout l’Himalaya qui me tombent sur les cuisses ! Je me dis que « marcher, c’est tricher ». Mon corps me dit « marche ou je te plante là ». Ok, on va marcher quelques mètres. J’essaie de me motiver, il ne reste que 3 km. TROIS PETITS KILOMETRES TOUT RIDICULES. Je devrais continuer sur ma lancée et finir comme une fleur. Sauf que mon cerveau refuse de coopérer (je vous ai prévenu, je n’ai aucun mental). 3 km, c’est 3000 mètres et encore plus de foulées. J’ai les cuisses tellement raides que je suis incapable de courir. Une pause s’impose. Mes jambes décident de se mettre en grève. Qui me prend sur son dos pour terminer ? Personne ?
Au ravito du 40ième, je me dis qu’il faut que je serre les dents et que je continue. Il ne reste que 2 kilomètres ! Forcément, mon traitre de corps comprend qu’il faut s’arrêter… Je bois, je perds du temps à essayer de chasser la douleur avant de repartir, raide comme un robot. Les pavés du Vieux Port surgissent, ultime difficulté avant d’en finir avec la course. Attention aux chevilles pour ne pas se péter la figure juste avant la ligne !
La grosse tour Saint-Jean d’Acres apparaît, enfin ! J’accélère, double comme je peux les autres éclopés et finis par un sprint sur le tapis bleu. Dans un dernier éclair de lucidité, je jette un œil au chrono : 3h55 ! Je suis 2918ème sur 5564.
Pas de record mais le sub 4h est là. Le job est fait. J’ai tenu jusqu’au 39 km et à part mes cuisses contractées, je suis super bien. J’envoie un sms à Ludo pour lui dire que je suis arrivée, il m’attend avec les copains un peu plus loin derrière la ligne.
Le sprint pour la gloire !
Je regarde autour de moi et aperçois un maillot orange familier. Sébastien vient d’arriver en 3h56. Il a le sourire jusqu’aux oreilles. On se serre la main, il m’annonce qu’il vient de faire sub 4h, ce sixième marathon aura été celui du record pour lui. Il me remercie de l’avoir accompagné pendant ces 30 km. Je suis contente pour lui, on se raconte un peu nos fins de course tout en récupérant nos huîtres, coupe-vent, rose et une poche avec des trucs à manger.
A la sortie, je retrouve les copains et ça fait plaisir de voir des têtes connues après ces 3h55 d’effort ! Je leur donne la dotation du marathon car ils ont eu le mérite de m’attendre (en plus, Fred s’est fait mal sur son 10 km, le pauvre boite comme un pirate.). Ludo a eu sa chocolatine ET sa crêpe sur le Port, il n’aura donc rien (et surtout pas mon gâteau de semoule ni ma pomme qui font les yeux doux à mon estomac affamé).
En conclusion, ce marathon a été une belle découverte. Un parcours roulant, des passages sympas sur le Port et le front de mer, des spectateurs par milliers et des bénévoles impliqués. Je n’aurais pas amélioré mon score sur la distance mais avec une prépa inexistante très réduite, j’arrive à faire quasiment le même temps qu’à Sénart (à 40 secondes près) tout en finissant dans un meilleur état.
Pour le prochain (bah oui, au bout de 20 minutes, j’avais déjà oublié la douleur donc je pensais au marathon suivant #maso), avec une vraie prépa et un peu de travail sur mon mental en guimauve, je pense que je peux faire bien mieux 🙂 Et si Ludo m’accompagne, à moi les chronos de folie !
Merci à Iza et Fred de nous avoir accueilli, bravo aux bénévoles et à l’organisation qui ont rendu possible cette très jolie course.
On ne se connait pas, je vous suis à distance tombée par hasard sur un de vos récits qui m’a fait marrer. J’avais vu que vous couriez celui-là, j’étais ‘blouson jaune’ au ravitaillement 15/35, mais au stand glucose, donc pas vu passer….
Contente que vous ayez apprécié notre marathon 😉 Bonne recup!
Bonjour Laetitia, merci pour votre commentaire !
Oui, au ravito du 35ième km, j’ai clopiné jusqu’au coca directement.Je préfère les bulles mais c’était top d’avoir autant de choix sur la course 🙂
Beau travail du gang des ‘blousons jaunes’, la course était super bien organisée !
Super récit enfin je veux dire performance ! Bravo! On vous attend pour une balade… les foulées d Angoulême, 10 KMS , simple formalite . La mer vous tente donc ?