Pour la seconde année consécutive, nous avons voulu nous frotter aux 24 H de VTT de Cergy, avec l’idée d’améliorer notre score et de repousser nos limites cyclistes. Quelle folle idée !
Mimi a surtout amélioré son nombre de chutes par tour et Ludo a repoussé les limites de son endurance, puisqu’il s’est retrouvé à rouler en solo.
L’an dernier, nous avions déjà participé aux 24H de VTT de Cergy, en duo. Cela s’était globalement bien passé, malgré notre matériel antique pourri inadapté et notre manque de préparation.
Nous avions alterné les tours pour parcourir un total de 25 tours (environ 200 kms), sans casse mécanique ni physique. Un exploit pour nous !
Donc cette année, nous nous sommes équipés en lumière (bon, ok, on a pris nos frontales de trail), nous avons sorti les cuissards et surtout, nous n’avons pas oublié la moitié du matériel pour affronter ces 24 H de folie. Veilleuse, tenues de rechange, chaises, couchages, nourriture, caisse à outils, nous avions tout prévu. Sauf la partie VTT. Nous avions enchaîné les séances de renforcements musculaires et fait la balade de l’Anjou Vélo Vintage (60 kms sous l’averse) mais nos postérieurs n’avaient pas été vissés sur un VTT depuis au moins 6 mois. D’un autre côté, nos vélos ne donnent vraiment pas envie de rouler avec… Nous comptions en fait louer des deux roues plus performants mais Décathlon ne fournit plus ce service… C’est donc équipés comme des pros mais avec des VTT dont même un Roumain ne voudrait pas, que nous sommes partis vers les Bois de Cergy, samedi 29 août.
Le paddock tout beau tout propre au début de la course
Nous galérons un peu à trouver notre emplacement, il y a effectivement un peu plus de monde pour cette dixième édition. Finalement, un organisateur nous amène à notre stand, situé au même endroit que l’an dernier.
Notre maison pour les prochaines 24 h. Ludo est déjà installé.
Nous déballons le matériel, faisons connaissance avec nos voisins : le duo n°213 et son assistance, la troupe des 614 et Manu le solo (accompagné du reste de son club, les Spads, qui roulent en relai à côté). Comme d’habitude, nos magnifiques vélos font sensations : les gens n’imaginent pas qu’on puissent rouler avec ça. Pendant 24h en plus ! Nous proposons un échange standard avec leur Lapierre 29″ dernier cri mais les gars rigolent. Bande d’égoïstes !
« Ludo, tu sais qu’il y a un vélo pourri à côté de toi ? »
Ludo va poser son vélo jaune dans la prairie dans la porte de départ qu’on nous a attribuée. Comme l’an dernier, le départ est à 14h et les concurrents effectuent une boucle de 800m en courant avant de pédaler pendant 24 h. Le terrain a bien séché, il fait super beau. Ludo laisse passer les furieux qui visent des chronos et se cale sur les solos dont le rythme est généralement plus calme. Jusque-là, tout va bien. Nous maîtrisons.
Ludo est prêt pour 800m de course à pied avant de récupérer son vélo. C’est parti !La ligne droite des Maraîchers et ci-dessous, Ludo encore tout sourire sur la butte à Juju.
Un tour, une chute : une stratégie qui fracasse
Une fois le premier tour fini, Ludovic me passe la puce. Je pars tranquille, j’arrive même à monter la butte à Juju SUR le vélo cette année ! Dans ma tête, nous allons rouler 24h en alternant et exploser notre record de 25 petits tours ! Licornes et arc-en-ciel dansent devant mes yeux.
Sauf qu’à mi-parcours, je rencontre une des petites nouveautés 2015. Un talus raide à passer qui enchaîne sur une descente puis le sol, tout de suite après. Ah non, ça, c’est parce que j’ai tiré tout droit. Fallait tourner à 90° à gauche AVANT l’arbre … Je râle mais je repars aussi sec, motivée. Les traces dans l’herbe m’indiquent que je ne suis pas la seule à avoir manqué le virage. Le reste du parcours n’a pas changé par rapport à 2014, rien à signaler.
Je rigole mais j’ai déjà dit bonjour à un arbre.
Ludo prend le relai, fait son tour tranquillement. Je papote avec nos voisins, c’est cool, l’ambiance est conviviale, je le sens bien ces 24H 2015. Mon vélo ne partage pas mon enthousiasme débordant puisque le dérailleur arrière décide de ne passer que 4 vitesses. Sur les 8 d’origine. La blague ne me fait pas trop rire… Je monte donc les côtes à pieds, comme les solos. Jusque-là, ce n’est pas trop grave. Je continue. Je me ramasse dans la même descente en épingle. Je continue. Ludo part à son tour et revient. Je retourne au combat. Toujours pas de vitesses, j’ai l’impression de faire du VTT avec un fixie (mais sans slim ni barbe). Je continue. Un soleil dans la descente plus tard, ma selle est dévissée. Je continue mais je commence à en avoir plein mes chaussettes. L’équipe 213 me répare gentiment ma selle mais refuse de brûler mon biclou (ils ne sont donc pas si gentils que ça).
Et tourne, tourne ! Ludo trace son chemin.
La nuit arrive, c’est l’heure des pâtes ! Je prends les tickets, vais retirer nos plateaux. L’organisation est toujours au top, c’est vraiment agréable. Nous faisons une petite pause pour manger ensemble puis je m’élance gracieusement sur mon enclume. Mon fixie m’exaspère tellement que je décide de partir pour 2 tous d’affilé, histoire de me calmer et laisser Ludo souffler. Ma frontale me permet d’y voir plus loin que le bout de ma roue, ça change de l’an dernier ! Maintenant, je vois les arbres avant qu’ils traversent devant moi. J’essaie de négocier la descente qui me casse les pieds depuis le premier tour. Nette amélioration : je passe par-dessus le guidon, me prend la pédale dans le mollet et roule sur l’épaule. Un solo s’inquiète de mon état, je lui réponds que c’est mon style de descente mais je ne le sens pas convaincu. Je continue mais j’ai un léger doute : 6 tours, 6 chutes, quelque chose ne va pas dans l’équation. Au second tour, je balance le vélo dans la descente. Marre que ce soit moi qui soit couverte de terre ! Mon karma pourri revient à la charge dans les bois : un concurrent plus rapide tente de me passer à droite. Problème : le chemin est trop étroit. Solution : il passe quand même et son guidon m’accroche le bras. Je n’apprécie pas sa solution, mon bras non plus. Perturbée, je continue, même si je commence à avoir mal un peu partout. Dans une descente, je négocie mal une racine (faut que je revois mes talents dans ce domaine) et paf ! Le nez encore dans le sol. J’atterris sur la hanche et ma cheville droite. Bobo bobo bobo ! Je termine en grimaçant. Dans ma tête, je jette l’éponge.
Dans 2 semaines, le marathon du Médoc nous attend et c’est un rendez-vous que je ne souhaite pas rater. Surtout pas à cause d’un vélo pourri. Accessoirement, l’idée de me casser une cheville ou d’arriver au boulot avec un bras dans le plâtre me tente moyennement… Vaut mieux que j’arrête avant de faire un câlin à un arbre avec ma clavicule…
Et voilà, dernier tour, plus souvent à côté du vélo (voir dessous) que sur le vélo… Merci aux spectateurs pour les encouragements, ça fait plaisir.
Ludo le solo
Au stand, Ludo remarque tout de suite mon coude enflé et le second genou qui pousse sur ma cuisse. Bah oui, j’ai pas mis 1h pour faire un tour parce que je comptais les mouches ! Je lui annonce que j’abandonne mais il préfère prendre son relai plutôt que de m’écouter. 30 minutes plus tard, quand je refuse de partir, là, il réalise qu’on a un souci. Si on continue, le duo devient un solo. Et rouler pendant 12h en sachant que personne ne va prendre ta puce pour te laisser souffler un tour ou deux, que tu vas être le seul à faire tourner le compteur de l’équipe, le seul à galérer sur ton vélo alors que l’autre se fait masser par les infirmières et bien…ça met un sacré coup au moral. Ludo part réfléchir, pendant 2 tours (parce que ça fait beaucoup à prendre en compte) tandis que je vais montrer mes bobos à la Protection civile. Nos voisins viennent prendre de mes nouvelles, c’est vraiment gentil de leur part. L’entraide entre participants, l’ambiance conviviale durant ces 24 h est vraiment quelque chose qu’on apprécie énormément et qu’on n’a pas encore retrouvé sur d’autres compétitions de cette ampleur. On galère sur notre vélo, mais il y a une foule de personnes prêtes à vous aider autour de vous et ça, ça fait une vraie différence. 🙂
A minuit, on répare les machines et les coureurs.
Et j’ai la même chose sur la hanche droite, l’intérieur du genou gauche et l’empreinte de la pédale sur le mollet gauche…Plein de couleurs ! Pendant ce temps, Ludo valide son 16ième tour.
A 0h30, pause pour la nuit. Ludo va tenter l’exploit du solo mais de jour. Faut pas exagérer non plus. On s’enroule dans nos sacs de couchage pour quelques heures de sommeil quand…surprise, des collègues de Ludo arrivent ! En pleine nuit, c’est vraiment gentil de leur part de venir nous faire coucou ! Nous leur faisons faire un tour du paddock, leur montrons la butte à Juju et l’arrivée (mais dans le noir, ça rend moyen). A 2h, les invités surprises nous quittent et nous retournons à notre galère.
Je cauchemarde que je tombe et réveille Ludo à chaque fois. Donc à 6h, quand le réveille sonne, il n’a pas trop l’impression d’avoir dormi, le malheureux.
Dur, le petit-déjeuner à 6h30 dimanche…
Mon solo arrive à s’habiller et à partir, encouragé par les 213 et les 614 qui prennent régulièrement de nos nouvelles. Il n’a pas les yeux vraiment ouverts mais il quitte le paddock sans oublier la puce ni tomber dans les stands des voisins. ça va. Pour d’autres, la stratégie n’est pas très bien calée, comme pour un pauvre n°628 : « Mais j’en peux plus, je suis tout seul depuis l’aube, tous les autres co**** de mon équipe dorment. Je fais quoi ?? »
L’aube se lève, immense respect aux équipes qui ont tourné toute la nuit ! 1000 mercis aux kinés, infirmières et familles qui n’ont pas fermé l’œil pour nous accompagner.
Petit-déjeuners préparés, massages, photos, encouragements, coups de pieds au cul, j’active le mode « assistance du solo » pour soutenir Ludo dans son effort. ça me rappelle les compétitions d’enduro, tiens ! Je boitille un peu partout pour le suivre pendant les 8 tours qu’il fera dimanche matin. 8 tours supplémentaire alors qu’il en a déjà 11 dans les jambes depuis samedi ! Par rapport aux autres équipes ou même les solos, c’est ridicule mais pour quelqu’un qui fait du VTT 1 fois par an, c’est juste énorme ! Je ne sais pas où il trouve l’énergie et la volonté d’enchaîner les tours, quand j’ai juste envie de cramer mon vélo et de me mettre au tricot…
Ludo a encore la tête dans le brouillard.
Plus que 4h. Courage !
Hey, remonte sur ton vélo, toi ! C’est pas une rando !« Debout sur les pédales ! En danseuse, feignasse ! » Voilà comment il faut encourager son solo.Allez, encore 4h ! Et plus vite que ça, tu ne vas pas chercher le pain !
Plus que 2h. La lumière au bout du tunnel se précise.
Nos voisins sont admiratifs (mais ne veulent toujours pas nous prêter leurs VTT…), les visages de tous les coureurs sont marqués. Je discute avec des solos croisés sur le parcours et qui me reconnaissent; certains cassent leur chaîne sur la ligne d’arrivée et piquent une crise de nerf. Les supportrices encouragent leur « chéri », le « plus beau », qui est « tellement courageux » et les gars encouragent leur pote « à sortir les cuisses », « arrêter de dormir », parce que là, il est temps « d’envoyer du gros pour tous les fumer ». Étrangement, les coureurs sourient davantage à leur femme qu’à leurs potes. Ludo commence à compter les distances en tours de roues restants.
J’ai mal, j’ai chaud, je veux que ça s’arrête… Fichue butte !
Plus qu’1h. Ludo est persuadé d’être dans une boucle temporelle, qu’il ne descendra jamais de son vélo et que ce n’est qu’un mauvais rêve. Comme il ne voit pas d’écureuils roses, je ne m’inquiète pas trop et continue de le masser pour son dernier tour. Il veut une raclette alors qu’il fait plus de 30°. Hum, je devrais peut-être me faire du souci. Il repart une dernière fois, hagard sur son vélo.
Le moral est plat comme ça.
C’est pas le moment de lui dire que j’ai pris son dernier pain au chocolat…
Les déguisements font leur apparition pour le concours de la dernière heure, un troupeau de vache est lâché sur le parcours avec un Tigrou et un cochon. Je retrouve les solos, qui roulent maintenant presque tous ensemble. Je leur donne l’heure et ils sont ravis d’apprendre qu’ils ne feront donc qu’un dernier tour: « – 40minutes, parfait, pile-poil pour le faire en mode rando ! » . Je recroiserai la bande à l’arrivée, toujours ensemble à pousser leur vélo 🙂
Sur la ligne, les spectateurs commencent à se masser et à donner de la voix. Ambiance stade de foot avec les petits et les grands qui n’hésitent pas à encourager ceux qui parviennent, plus ou moins péniblement vu l’heure, à grimper la côte de l’arrivée. Les solos et les (rares) féminines explosent l’applaudimètre, ça me donnerait presque envie de remonter sur ma selle ! En tout cas, si les groupies déchaînés ne font pas tourner l’horloge plus vite, les encouragements donnent clairement le petit coup de pouce ultime à certains pour franchir les derniers mètres !
Si la plupart des concurrents sont à la fin de leur vie, au contraire, certains coureurs donnent tout ce qu’il leur reste pour atteindre le chrono/ classement visé/ écraser le voisin. ça donne des réactions contrastées dans les 25 dernières minutes :
Un solo voyant l’horloge : – Je l’ai fait, j’ai fini ! Libéré, délivré !!
Un coureur d’un club : – 25 minutes ? ça se tente ! LES MECS, JE CONTINUE, GO GO GO ! »
Ludo étant un solo maintenant, trouvez sa réaction 😉
Dernier tour, ça redonne le sourire !
19 tours dans ces petits mollets. Il l’a fait !
Ludo finit le 25 ième tour avant 14h et égale donc notre temps de l’an dernier. A lui tout seul, il aura pédalé 19 tours, soit environ 152 kms ! Nous sommes 11/12, l’honneur est sauf.
Bon, le premier solo, Joachim, aura effectué 58 tours donc ça laisse une petite marge de progression pour Ludo.
Quelques chiffres :
- 1152 participants
- 300 équipes
- 25 tours pour nous
- moyenne par tour d’environ 30 minutes
- 3 kgs perdus pour Ludo et 2 kgs pour moi
- 11 sur 12 dans notre catégorie
Oui, c’est fini, on va rentrer dormir maintenant 😉
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Dimanche après-midi (à venir)