Courses

Un premier triathlon royal à Versailles


Dimanche 13 mai à 9h, je mettais un orteil dubitatif dans la pièce d’eau des Suisses, entourée d’environ 450 autres pingouins en combinaison néoprène et bonnet flashy sur le crâne. Il pleuviotait, la météo affichait 13 pauvre petits degrés et je me suis vaguement demandée ce que je venais faire dans cette galère. C’est déjà assez compliqué de performer dans un seul sport, pourquoi s’embêter avec trois ?

Pourquoi le triathlon en relais ?

Tout ça, c’est entièrement de la faute d’Olivier, un collègue de Ludo qui a participé au Triathlon du Roi (la version mecs licenciés, qui a lieu l’aprem) l’an dernier. Il faisait beau, le cadre était sympa, l’orga au top et globalement, l’histoire semblait super fun, côté spectateur. D’autres copains coureurs ayant eux aussi basculé dans le triple effort (n’est-ce pas, Stéph, Jean-Louis et Michel, hein ?) contaminent mon Strava avec leurs entraînements de natation, course à pied et autres sorties longues à vélo.

A la maison, Ludo souhaite aussi faire autre chose que de la course à pied. Il pédale déjà, pourquoi pas un duathlon ? Je l’inscris à celui de Meaux mais il est annulé à cause de la neige…

En 2017, au soleil, côté spectateurs à regarder Olivier, ça semblait une bonne idée…

Et là, Stéph et Jean-Louis nous apprennent qu’on peut faire des tri en relais (oui, parce que pour moi, le tri, à cause du vélo, c’était niet). Mais c’est parfait le relais ! J’assurerai la natation, Ludo fera le vélo et la course à pied. Finalement, il aura son duathlon !

Le relais nous permet de combiner nos points forts (enfin, pas trop mauvais) et de découvrir l’univers du triathlon en douceur. Plus pragmatiquement, Ludo ne sait pas nager le crawl et à peine mieux la brasse, je déteste le vélo donc le relais était la solution idéale pour nous 🙂

Nous choisissons Versailles pour la proximité et nous inscrivons sur le format S des non-licenciés, le triathlon de la Reine du dimanche matin. Versailles propose un format découverte XS le samedi mais le parcours vélo étant principalement sur chemin gravillonné et n’ayant pas de VTT ou de gravel, nous avons préféré le S qui se roulait sur bitume.

Au menu : 750 m dans la pièce d’eau des Suisses, 20 km (deux boucles de 10 km) vélo puis 5 km autour du bassin (deux boucles de 2,5 km sur chemin). Des distances largement dans nos cordes.

Côté niveau, pas de pression non plus. Ok, les premiers vont nous mettre 30 minutes dans les dents, que ce soit les filles ou les premiers relayeurs mais nous ne venons pas pour jouer un chrono. L’an dernier, nous avons vu des participants de tous niveaux parmi les licencies, y compris pas mal de débutants, dont certains sur des vélos vintage et ils s’en sortaient ! Cela nous avait pas mal rassuré.

Début mai, je commets l’erreur d’emmener Ludo avec moi à la piscine. Il boit la tasse dix fois, finit essoufflé au bout de 50 m mais réclame à corps et à cris de faire un tri complet. Heureusement, le S de Versailles est complet (les autres triathlon, ailleurs, c’est une autre histoire. Pour un autre article).

Le jour J

Dimanche, le départ est à 9h mais je dois arriver un peu plus tôt pour récupérer ma combinaison 2XU (l’orga proposait un service de location qui permettait de retirer sa combi le jour de la course, je n’ai pas eu besoin d’investir ni de courir dans tout Paris pour en trouver une). Nous arrivons à 7h30, il fait un temps pourri. Nous sommes déception.

Le parc à vélo

Nous retirons nos dossards rapidement et partons poser nos affaires dans le parc à vélo. Les relais sont au début du parc, parfait pour la transition 1 (T1), je pourrai vite passer la puce à Ludo. Bon lui, il faudra qu’il remonte tout en poussant son vélo (et il y a une petite montée sympa) puis qu’il le refasse pour la course à pied.

Nous posons notre sac Aptonia, je sors les affaires de natation, Ludo garde son casque et ses gants de vélo pour ne pas avoir froid (au moins, il est déjà équipé), je lui indique 15 000 fois où se situe notre emplacement pour qu’il le repère bien et nous partons chercher ma combi.

Lire aussi : comment bien s’équiper pour débuter en Triathlon ?

Au stand 2XU, on me remets une 2XU Race. C’est la première fois que j’enfile une combinaison de triathlon, je suis plus habituée à celle de planche à voile mais je la trouve super bien finie avec très peu de coutures, extrêmement souple aux épaules et la découpe du cou épouse parfaitement la forme, aucune gêne ni frottement au cou, ce qui était ma principale crainte (après vérification, la Race coûte plus de 300€, on m’a donné une bonne combi pour débuter ! ). Par contre, c’est une horreur à enfiler, ce machin !

Fermer sa combi, plus compliqué que prévu !

Devant ma détresse, le gentil monsieur du stand m’aide à fermer ma combi et m’explique aussi comment l’enlever. Ok, c’est bon, maintenant. Bonnet bleu de relayeur sur la tête, lunettes à la main, puce à la cheville et pieds nus, je pars rejoindre les autres pingouins avant le briefing.

Nous attendons… La combi me tient chaud mais j’ai les mains et les pieds gelés ! Autour de moi, des filles et des gars commencent à grelotter. Je vois pas mal de combinaisons Nabaiji, des combis de surf et même quelques courageux juste en trifonction (la température de l’eau ne rend pas la combi obligatoire). On nous annonce une eau à 19°c. Cool, au moins une bonne nouvelle, il fera meilleur dans l’eau que dehors. Parce que là, j’ai l’impression qu’il fait -1000 °C. Nous écoutons attentivement le briefing pour en savoir plus sur ce qui nous attend ce matin.

Ok, prête pour le plouf

Je préviens Ludo que je mettrai sens doute autour de 20 minutes, pas la peine qu’il m’attende dans les premiers, donc 😉

La natation

Avec un peu de retard, notre colonne de pingouins se dirigent vers le bassin. Des bénévoles nous aident à descendre, il y a une grosse marche qui va être coton à remonter dans l’autre sens avec la fatigue, je sens.
L’eau est boueuse, avec un arrière-goût de vase. Heureusement, pas d’algues qui s’accrochent aux jambes. Ma taille de nain m’empêche de toucher le sol mais les grands autour de moi grognent que c’est vaseux en-dessous. C’est sûr, ce n’est pas la Méditerranée mais il n’y a pas de courant à gérer ! 😉

Et donc, on a tous la brillante idée de tous se coller à la bouée

Je remarque que ma combinaison me permet de flotter super bien. Presque pas besoin de bouger pour rester sur place. C’est génial ce truc ! ça me change des combi de planche où t’es au chaud mais l’impression de traîner 10 kg d’eau avec toi. Connaissant mon (petit) niveau, je me place légèrement à l’extérieur, à distance des énervés qui joue un chrono pour éviter la lessiveuse du départ. Sauf qu’on est visiblement pas mal à avoir la même idée et je me retrouve en seconde ligne au cœur du peloton. Mouais.

Nous attendons que les 450 participants soient tous dans la flotte, un dernier coup d’œil pour vérifier où sont les bouées et les kayaks et GO !

HOLY FUCKING SHIT !
C’est…l’Apocalypse.

Je dois être en train de boire la tasse dans le tas

Le fait de ne pas voir le fond ne me perturbe pas plus que ça, non, ce qui me perturbe, c’est de me faire tirer par la cheville, d’éviter des pieds devant moi à la dernière seconde et surtout, de me faire littéralement nager dessus. J’ai l’habitude de nager en piscine parisienne bondée, de me manger des coudes dans les côtes et de revenir avec des hématomes un peu partout mais ça…C’EST LA GUERRE !

Je bois la tasse (eurgh, c’est dégueu), reste concentrée sur les bouées et ma respiration. La combi m’aide énormément, j’ai l’impression que mes jambes flottent toutes seules et je ne suis pas essoufflée. J’essaie de crawler mais impossible de poser ma nage. Dépitée, je me résous à alterner brasse et crawl. C’est toujours du free fight autour de moi, même si la colonne s’étire, je suis dans le dernier tiers et ça fait encore pas mal de flotteurs à esquiver.

La natation est un sport de combat collectif en triathlon 

Les deux premières bouées arrivent super vite, je serre bien à gauche, hop, j’arrive enfin à crawler. Bon, il ne reste qu’une bouée mais je fais ce que je peux, hein ! Je double des gens, ça fait plaisir.

La sortie se précise, dès que j’ai pied, j’essaie de courir. Un concurrent glisse sur le ponton à côté de moi, fatigué. J’escalade la marche avec l’aide d’un bénévole et m’attaque à l’opération  » enlever sa combi tout en courant ». Dans ce sens, c’est bien plus facile, j’arrive devant Ludo avec la combi autour de la taille. Passage de puce, de montre, je lui rappelle de tourner la ceinture porte-dossard pour mettre le dossard dans le dos et go, mon relayeur part pour le vélo.

Natation + T1 effectuée !

Je ne suis pas fatiguée, j’ai vraiment dû y aller tranquillement… La Garmin 735 indique 17 minutes, effectivement, même temps qu’à l’entraînement, ha ha !

Le Vélo

Ludo tient une moyenne correcte d’environ 29 km/h malgré une belle côte à se farcir 2 fois qui lui flingue bien les jambes.

Le revêtement du circuit d’essai, en piteux état, lui provoque des sueurs froides. Le vélo vibre, gigote dans tous les sens mais pas de crevaisons. Il a plu la veille, le revêtement est encore un peu humide. L’orga a beau placer des signaleurs aux endroits dangereux, des concurrents partent tout de même dans le décor. L’ambulance passent plusieurs fois. ça refroidit un peu ses ardeurs mais dans les lignes droites, Ludo accélère, descend les mains sur le cintre (et prie pour que tout se passe bien).

Il est convaincu que le drafting est interdit donc il ne prend aucune roue, laisse passer des paquets de cyclistes avant de les doubler plus tard, ce qui lui prend pas mal d’énergie (alors, que c’était totalement autorisé sur ce tri..!). Malgré tout, Ludo est globalement satisfait de cette première expérience.

La tête de course : les 442, nos voisins relayeurs et Julie LE COLLETER, la future reine de Versailles

De mon côté, j’ai la surprise de voir Stéph et Jean-Louis arriver au niveau du parc vélo. Nous attendons ensemble le pédaleur en regardant arriver la tête de course. Mon Dieu, l’écart de niveau est gigantesque ! Nos voisins de parc vélo sont en tête, en terme de chrono au scratch et dans le classement des relais (1er sorti de la natation, 1er arrivé au vélo). Il faut dire qu’ils sont 3 et chacun bien balaise dans leur spécialité, ça aide ! Leur vélo est aussi magnifique. Bref, on n’a aucune chance !

Beaucoup de trifonctions de club dans le peloton mais les physiques sont très diversifiés. On encourage des athlètes tout en muscles avec le bronzage cycliste aussi bien que des participants un peu moins affûtés, avec un petit bidon comme vous et moi. Des jeunes, des vétérans, équipés de la tête aux pieds avec des vélos profilés ou des amateurs en tenue de running avec des vélos vintage. On croise de tout et c’est rassurant !

Avec un gravel…
Ou un superbe vélo de compétition

Plus…
ou moins habitué au triple effort
Versailles est une super course pour découvrir le triathlon !

Un bon tiers du peloton est équipé en B’twin et Aptonia, comme nous, ça nous prouve qu’on peut découvrir le triple effort sans casser son PEL. Côté vélo, on croise de tout également !

Plutôt moderne ou plutôt vintage ?

Ludo arrive au galop dans le parc. Le casque est toujours attaché et il est à côté du vélo. Bien.

Il commence à remonter le parc, rate l’emplacement alors que je me suis mise devant exprès (je dois hurler pour qu’il s’en rende compte et fasse demi-tour), commence à repartir avec le casque sur la tête (nouveau hurlement pour lui rappeler que non, faut pas et que le dossard se met maintenant DEVANT. Je hurle beaucoup) et il s’élance avec sa veste de vélo (il va avoir bien chaud dans quelques minutes). Pas bien.

Seul point positif, comme il est déjà en baskets, la transition est rapide !

T2 faite, plus qu’une épreuve et c’est fini !

La course à pied

Ludo remonte pour la seconde fois la zone de transition avant de bifurquer dans le sous-bois. Le parcours consiste en deux boucles autour du bassin où a eu lieu la natation, sur du chemin stabilisé. Des bénévoles distribuent des rubans aux coureurs pour marquer chaque tour et vérifier que tout le monde a bien parcouru la bonne distance. Un ravitaillement est proposé à mi-parcours, l’organisation est vraiment nickel, c’est super agréable. Pour les spectateurs, l’avantage est qu’on voit passer les concurrents plusieurs fois pour les encourager.

Je commence à avoir bien froid, à attendre Ludo depuis 1h. Surtout qu’il a oublié d’appuyer sur la montre et la Garmin pense qu’il est toujours en train de faire sa T2, donc il n’a pas son allure et il ne se presse pas trop. Vous pensez bien qu’on l’a gentiment encouragé à enlever le frein à main pour se mettre à vraiment courir, hé hé hé. C’est qu’on commence à avoir faim et froid, nous !

Hey, c’est pas un marathon, passe la seconde, toi ! 😉

Nos voisins relayeurs bouclent l’épreuve en 1h09, plusieurs minutes devant leurs poursuivants. Ces machines ! Chez les filles, la nouvelle reine est Julie Le Colleter, en 1h14. Elle a maîtrisé l’épreuve de bout en bout, impressionnante.

Les fusées : 1h09 pour les #442, qui termine 1er relayeurs et 1h14 pour Julie, la Reine 2018.

Mon petit bonhomme rouge débarque enfin dans la dernière ligne droite. Il sprinte, la preuve qu’il en avait encore largement sous la semelle et dépasse 2 concurrents sur la ligne avant de passer sous l’arche en 1h30.

Au classement, on se retrouve 7/9 équipes mais vu notre niveau, on n’y attache pas trop d’importance. On a fini le triathlon avec un temps correct pour un premier et surtout, on a bien apprécié l’expérience (sauf la météo moisie et le rhume qui a suivi, ça, on n’a pas trop aimé).

Content d’en avoir terminé !

Et pour la suite ?

On a tellement apprécié qu’on s’est inscrit au S de Beauvais en juin, qu’on fera en intégralité, comme des grands, cette fois. Et comme nous sommes complètement dingues adorons les défis, on a aussi signé pour le M de Chantilly fin août : 1500m – 40 km – 10 km !

Le maître-nageur a 3 mois pour nous transformer en dauphins, le pauvre ! Et moi, je vais devoir remonter sur mon vélo infernal si je veux arriver à avancer plus vite qu’un vélib’.

Bref, nous sommes tombés dans le triathlon 😉


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